Tranche de vie… Je suis au restaurant samedi soir passé avec mes cousines. La dernière fois qu’on s’est vu recule à plus ou moins 10 ans. Chacun fait un résumé des dernières années comme en mode speed dating. Ce n’est pas la première fois qu’on me regarde de façon perplexe. Déjà, quand je disais designer graphique ou directrice artistique, je devais démystifier mon rôle. Maintenant que j’étudie les facteurs humains et l’ergonomie, c’est encore plus obscure.
J’essaie alors d’expliquer l’ergonomie cognitive en quelques mots à mes cousines. Pas évident ! ça l’a donné quelque chose comme : ça ressemble à de l’ergonomie telle qu’on la connait, où on s’intéresse au confort et l’utilisation d’un poste de travail, mais appliqué spéciquement à l’utilisation des interfaces humain-ordinateur. Bref, au lieu de se pencher sur les critères physiques, ce sont les critères cognitifs qui sont explorés (la perception, l’apprentissage, les modèles mentaux, la sémantique, etc.).
Comment en suis-je venue à découvrir et me passionner pour ce domaine ? premièrement, déjà en design graphique, j’avais un intérêt pour la gestalt. Je voulais appliquer une science, un raisonnement à ce que je faisais, peut-être parce que j’éprouvais un inconfort à rester à un stade abstrait et non justifié dans mes créations. Une partie de moi, l’ingénieur, voulait que ce soit davantage que simplement de l’esthétisme ou du gut feeling. Et puis, j’ai entendu que le design passe d’abord par la fonction, ça m’a encore plus interpellée. Mes premières années en agence, j’ai eu la chance de faire du design d’emballage alimentaire. Ça m’a permis de faire un art qui demandait du raisonnement sur les volumes, les faces et la hiérarchie d’information.
Dans l’emballage alimentaire, j’ai eu aussi à me poser des questions sur le consommateur, sa perception et l’impact du produit en tablette. J’étais intriguée par les processus impliqués dans l’achat du produit. Je me suis interrogée sur la psychologie du consommateur et un brin à l’anthropologie. J’envisageais déjà un retour sur les bancs d’école, mais pour étudier quoi ?
Puis les 3 dernières années, j’ai délaissé complètement le monde de l’imprimé pour sauter dans l’ère numérique. J’ai eu l’occasion de travailler au sein de Nurun, une grosse agence de développement de sites web où j’ai côtoyé des gens multidisciplinaires qui m’ont ouvert les yeux sur plein de possibilités. L’une de ces facettes est le design de l’expérience utilisateur ou le UX dans le jargon des initiés. Puis, dans une autre agence, j’ai rencontré des gens extraordinaires qui m’ont parlé du belief-based consumption. J’ai ainsi développer un fort intérêt pour le UX.
Au même moment, j’ai enfin trouvé une formation à la hauteur de mes espoirs. La Polytechnique offre des cours ciblés sur les interactions et les interfaces humain-machine. Quand j’ai été admise au programme, tous les éléments se sont mis en place. Comme le disait Steve Jobs à son discours aux finissants de Stanford de 2005, je suis en train de relier les points ensemble. Des fois, le chemin est sinueux, mais les expériences s’empilent et ça finit par faire du sens.
You can’t connect the dots looking forward; you can only connect them looking backward. So you have to trust that the dots will somehow connect in your future.
— Steve Jobs
Aujourd’hui, j’entreprends cette démarche de mémoire et de recherche dans le cadre de la maitrise à la Polytechnique. Je suis un brin anxieuse, mais excitée. Je ferai probablement des erreurs, rencontrerai des obstacles, mais je découvrirai et apprendrai plein de choses. Surtout, je pourrai expérimenter et appliquer ce que j’apprends pour en faire profiter les autres. Ma motivation principale : contribuer.
Je vous invite donc à suivre mon parcours qui devrait s’échelonner sur la prochaine année. N’hésitez pas à me poser vos questions ou me suggérer des sujets ci-dessous.
Merci et à bientôt !